Conférence – Un naufrage au nord des Bermudes

Mercredi le 5 mars 2025 La Barque recevait Maurice Bazinet qui nous a raconté la fois où ils ont dû abandonner leur voilier en mer entre Halifax et les Bermudes pour éviter une forte tempête qui a forcé même les cargos à se détourner ! Un récit qui a su captiver toute l’assistance réunie au Yacht Club de Québec pour l’occasion.

Généralement les conférenciers de La Barque nous font découvrir toutes sortes de destinations de rêve. Même si à l’occasion ils rencontrent vagues et tempêtes, le récit se termine plus souvent qu’autrement dans un mouillage idyllique. Cette fois-ci, ce ne serait pas le cas.

Habile conteur, secondé par sa conjointe Manon Rivard qui rajoute son grain de sel au besoin, Maurice nous ramène à l’automne 2014. À tous les ans, le Centre Marin des Blanchons offre des stages embarqués à Saint-Martin dans les Caraïbes. Au début novembre un de leurs voilier, un Dufour d’une quarantaine de pieds, doit donc quitter Halifax pour se rendre à Saint-Martin avec un escale prévue aux Bermudes.

Maurice Bazinet s’était joint aux trois autres membres de l’équipage de convoyage. Malheureusement, la météo n’est pas au rendez-vous. Après deux semaines d’attente, une fenêtre météo se présente enfin. Malgré le départ d’un des équipiers qui avait d’autres obligations, les trois s’embarquent pour les Bermudes.

Si on se situe il y a plus de dix ans, il faut réaliser que les technologies et les moyens de communication n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. Leur voilier n’étant pas équipé de l’équipement requis pour une telle traversée, ils ne réalisent pas que la fenêtre météo se referme. Le vent forci, la mer se déchaîne, les équipiers se fatiguent. Après une mise à la cape ils peuvent dormir un peu. Mais ils ne s’approchent pas de leur destination. Bien au contraire.

Ils tentent d’appeler un premier cargo qu’ils voient passer au loin pour connaître la situation météo. Le cargo ne leur répond pas et continue sa route. Un second cargo leur répond. Mais c’est pour leur annoncer que la tempête va prendre de l’ampleur. Est-ce qu’ils ont besoin d’assistance ?

Comme le raconte Maurice, ni leur voilier ni les équipiers ne sont préparés pour affronter une telle navigation par gros temps. Les trois équipiers sont exténués et sont conscients qu’ils ne peuvent plus continuer ainsi. Ils ne voient pas d’autre solution que d’abandonner le navire.

Ils acceptent l’offre d’assistance. Le cargo manœuvre alors pour se laisser dériver vers eux et ainsi leur couper le vent.

Ils s’approchent du cargo, on leur lance un cordage pour retenir le voilier. Avec l’ampleur des vagues il est évidemment impossible d’utiliser une passerelle. Il faut attendre une crête de vague et s’agripper à l’échelle pour monter. Les trois équipiers montent à bord et abandonnent le voilier qui laissé sans direction se fera retourner par une vague pour disparaître sous l’eau.

Pour l’équipage du cargo c’est aussi toute une aventure. Comme Maurice et ses coéquipiers le découvrent, la vie à bord ‘un cargo est plutôt monotone et répétitive. L’équipage d’origine Philippine est généralement confiné au bateau pour la durée de leur contrat de six mois à un an. Le sauvetage en mer et l’arrivée à bord des rescapés est toute une distraction et une occasion de fêter. Maurice et ses coéquipiers seront donc très bien reçus. Jusqu’à ce que le navire les débarque aux États-Unis et que Maurice doive affronter les services d’immigration. Mais ça c’est une autre histoire !

Comme annoncé, la soirée s’est poursuivie par une discussion sur la navigation dans les provinces maritimes.

« Pas besoin d’un quai pour la saison. Il y a tellement de baies et de ports de pêches disponibles. Pouvoir mettre l’ancre en face de Charlottetown IPE pour un bon repas avant d’y passer la nuit, ou encore mouiller dans une baie isolée. Les choix sont nombreux. Si une période de mauvais temps est prévue, direction le lac Bras- d’Or. Il est à lui seul un bijou qui se doit d’être visité. »

La Barque remercie Maurice Bazinet d’avoir partagé ses aventures avec nous.